Récit détaillé et multiples photos de ce qu'on pourrait appeler l'"adolescence" de nos deux jeunes Balbuzards Cab et Mar sur l'aire du Grand Bois.
Retour en arrière un peu tardif, nous le reconnaissons... Mais si le temps nous a cruellement manqué, nous vous avons quand même tenu au courant des évènements les plus marquants dans nos articles "Cab... Vole !" du 18/07/15, "Ils sont grands ces petits !" du 20/08/15, et "Ils sont partis... Rendez-vous en mars 2016" du 12/09/15.
En cinq ou six semaines de croissance accélérée, les deux vilains poussins prostrés au fond du nid se sont mués en beaux oiseaux dotés de la plupart des attributs des adultes... et dotés surtout d'un appétit féroce : leur consommation quotidienne de poisson est environ le double de celle de leurs parents !
C'est dire que Titom, le mâle préposé à l'intendance, doit multiplier par trois les apports de poisson par rapport à la période d'incubation où il n'avait que Sylva à alimenter, en plus de lui-même. Et que, sur le nid, les moments attendus de la journée sont les arrivages de la "marée", comme en attestent les manifestations de plus en plus bruyantes de nos héros...
... qui, de fait, ne se calment que lorsque Sylva entame la distribution tant attendue.
Bientôt, tout cela va changer progressivement : d'abord, les jeunes vont apprendre à grappiller quelques morceaux directement sur le poisson pendant cette distribution. Puis, le jour où Sylva les jugera capables de pratiquer le "self-service", elle va s'éloigner pour les forcer à se débrouiller seuls.
Ce qui donne lieu à quelques scènes inhabituelles. Ainsi, au moment de cette transition, on peut voir Titom revenir sur l'aire, et reprendre un poisson qu'il avait déposé auparavant sans en avoir retiré la tête... considérant probablement que Cab est bien maladroit et ne va pas s'en sortir.
A la fin de juillet et en août, tant que les jeunes n'ont pas encore appris à se nourrir seuls, c'est toujours Titom qui livre les repas... sans vraiment de régularité, d'ailleurs.
Tandis que Sylva, comme en 14, s'est installée au sommet du grand Epicéa, d'où elle peut surveiller à la fois le nid et les survols de la Loire par son mâle et ses jeunes.
Accessoirement, elle peut contrôler également nos aller-retours vers les bois, voire nos sorties sur la prairie du Mont. Et comme l'an dernier, elle vient assez souvent nous survoler avec des manifestations - sifflements, vols festonnés etc. - que nous ne pouvons interpréter que comme totalement amicales...
Mais revenons en arrière. Entre deux nourrissages (ou deux défécations...), plus question pour nos jeunes de somnoler comme des bébés. Alors on commence à voir des ailes s'étirer... bouger, esquisser des battements. Pour le moment, c'est sur place. Mais cela contribue à la musculation d'organes qui vont bientôt devenir essentiels.
Inné ou acquis ? Eternel débat concernant la reproduction ! En ce qui concerne la capacité à s'envoler, la vue des adultes en liberté dans l'immensité du ciel est certainement une forte incitation pour les jeunes rapaces confinés dans un espace inférieur au mètre carré. Mais l'inné, à travers les gênes, compte certainement. Et ne pourra pas être contesté quand il s'agira de tracer les chemins de la migration aller, puis retour, en solitaire...
En attendant, les exercices se multiplient, et bientôt, le plus avancé des deux oiseaux se soulève pour traverser le nid d'un bord à l'autre... tandis que ses congénères présents sur l'aire ont tout intérêt à se mettre à l'abri des battements d'ailes du maladroit !
Nous avons daté le premier vol de Cab que nous avons pu observer du 18 juillet. Celui de Mar a dû suivre quelquesjours après. Le 23 juillet, dans la grisaille, nous observons ses vols encore maladroits, ceux de Cab déjà plus assurés, et même parfois leurs envols simultanés... le tout, sous le regard attentif de leur mère Sylva.
A partir de ce moment, évidemment, tout devient différent : nos deux bizuths vont commencer à explorer leur environnement. Ils vont aussi se trouver des perchoirs dans les alentours du nid... pas trop loin, au début, car ils ne sont toujours pas capables de se nourrir eux-mêmes.
Mais il va leur falloir très rapidement s'éloigner de leur proche environnement ; survoler la Loire et apprendre le contact brutal de l'eau ; savoir prendre les ascendants pour conquérir l'altitude sans épuiser leur énergie.
Et se rendre prêts pour qu'à la fin août ou au début septembre, ils puissent défier les longs-courriers en partant, seuls, pour l'Afrique centrale, via Gibraltar et via le Sahara...