C'est principalement au crépuscule que l'on peut voir circuler sur la Loire, aussi bien dans le sens du courant qu'en remontée, ce puissant mammifère au poil brun... qui peut disparaître instantanément sous l'eau s'il ressent une menace.
Mais on peut aussi l'observer en plein jour se reposant au soleil sur un rocher, ou se toilettant longuement et de façon énergique sur une grève ou sur un amas de végétation émergent.
Le Ragondin (Myocastor coypus), parfois surnommé Castor des marais, est à beaucoup d'égards très proche du Castor d'Europe, autre grand mammifère, très emblématique du fleuve (Revoir notre article Des castors… Pas énervés ! de juillet 2012) : aspect général, pelage et moustaches, deux immenses incisives coupantes teintées en orange foncé, pattes palmées ; alimentation végétale comportant des écorces de bois tendres ; vie aquatique etc.
Mais les signes distinctifs permettent une identification relativement aisée. D'abord, le Castor, lorsqu'il se laisse voir, car il est bien plus nocturne que son cousin, apparaît comme plus massif : nettement plus grand et gros, puisque, adulte, il pèse plus du double, 21 kg en moyenne. Sa queue plate caractéristique est évidemment le meilleur critère de reconnaissance. Et, en principe, il ne s'éloigne pas du bord de l'eau de plus d'une trentaine de mètres. Plus difficile : les moustaches blanches pour le Ragondin, foncées pour le Castor ; une nage avec le dos qui émerge pour le premier, alors que le Castor ne montre que sa tête ; un habitat en galeries parfois totalement terrestres pour le Ragondin, alors que le terrier-hutte du Castor nécessite une rive et est accessible par un parcours immergé.
Mais en dehors de ces différences physiques ou éthologiques, ce sont les statuts de ces deux espèces qui marquent le plus de contraste. Alors que Castor d'Europe est une espèce protégée, et qu'il a fait l'objet dans un passé récent de réintroductions sur nos fleuves et rivières, le Ragondin, originaire d'Amérique latine, a été "importé" pour sa fourrure, puis lâché dans la nature inconsidérément. En l'absence de ses prédateurs naturels, il est devenu "envahissant", et parfois objectivement "nuisible" en proliférant dans des milieux où les berges sont fragiles.
Et puis sa queue évoque terriblement celle des Rats, pas terrible pour sa popularité !
Il est donc non seulement mal aimé, mais souvent pourchassé et/ou piégé en vue de sa destruction.
Le sort injuste du Ragondin, comparé à celui du Castor, ressemble étrangement à celui dont Claire Brétécher avait affublé le "Bolot occidental" dans une B.D., publiée à l'époque dans le journal "Le sauvage" !
Se reproduisant d'une manière prolifique, la femelle s'usait en tentatives répétées, mais vaines, pour passer la barrière infranchissable d'une "Réserve" où des espèces protégées étaient nourries et choyées par moult gardes...
Pourtant, l'empathie que nous portons aux animaux tient souvent à peu de choses. Voyez par exemple ce charmant nounours blanc aux pattes et à la truffe rose.
Il était encore plus adorable quand nous l'avons vu "bébé". On en redemanderait, on se bousculerait pour le surprendre et le photographier !
Pourtant... Il ne s'agit en réalité que d'une variante "albinos" de notre Ragondin, qui revient parfois dans les reproductions du mammifère. Comme quoi...
Pour terminer, voici un crâne de Ragondin, dont vous pouvez admirer la splendide paire d'incisives tranchantes.
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