Relisez notre portrait de ces oiseaux emblématiques de la Loire moyenne que sont les Sternes, dans notre article "Portrait - Sternes de Loire : pierregarin d'abord, naine ensuite" du 17 mai 2011. Vous y verrez que la Sterne pierregarin (Sterna hirundo) peut revenir de migration dès la fin mars, et que sa cousine, la Sterne naine (Sternula albifrons), la suit environ un mois après.
Il y a alors une période "nuptiale" qui se conclut par des appariements et des accouplements, comme on le voit précédemment. Mais avant d'en arriver là, les mâles rivalisent pour les femelles, moyennant d'abondantes chamailleries et de bruyantes criailleries...
Le mâle prétendant n'y coupe pas : pour conquérir sa belle, il doit se plier au rituel de l'offrande du poisson.
Mais ce mufle, une fois exposée sa prouesse, est capable de partir avec... et de revenir sans ! (Va savoir s'il n'a pas été en draguer une autre ?). Néanmoins, on garde toute sa dignité et on attend la suite...
Les pierregarin sont arrivées ici alors que le niveau de la Loire était en baisse. A la fin d'avril, souvent mêlées aux colonies de Mouettes rieuses, elles ont occupé progressivement les berges sableuses qui se découvraient et les îlots de graviers.
Mais une sorte de malédiction pèse sur ces laridés qui nidifient au sol, tout près de l'eau, directement dans des creux formés dans le sable ou les graviers : au printemps, le niveau de la Loire fait du yoyo ! Alors que les couples prenaient position pour leur reproduction, le fleuve est reparti à la hausse. La crue a été même assez sévère, proche de la "limite des plus hautes eaux".
Tandis que les Sternes naines arrivaient et étaient pratiquement condamnées à rester indéfiniment en vol, les pierregarin ont dû abandonner leurs emplacements pour attendre de meilleures conditions.
Entre la crue et la décrue, deux bonnes semaines se sont écoulées. Les plus impatients des oiseaux sont partis pour des emplacements moins exposés, comme la réserve de Courpain située à l'est de Jargeau (que nous vous conseillons d'aller visiter).
Les Sternes qui étaient restées avaient commencé à se réinstaller sur les îlots qui réaparaissaient. C'était parti pour les nidifications.
Mais hélas (pour les Sternes...), il y avait aussi les "ponts" de mai : 1er mai, 8 mai, jeudi de l'Ascension... Avec leur cortège de kayakistes, et en "bonus" deux pêcheurs hautement qualifiés, a en croire leurs coûteux équipements sophistiqués... mais qui tournaient autour de l'étroit îlot sur lequel les Sternes faisaient leurs trous, avant de monter dessus et de le piétiner, aller et retour, à plusieurs reprises !
Et aujourd'hui, la Loire étant redescendue, les Sternes sont assez peu visibles au sol dans le secteur. Sont-elles trop bien cachées, ou sont elles parties nidifier ailleurs ? Il reste ,surtout des Sternes naines, que l'on voit encore, en vol ou parfois au sol, avec les Petits gravelots qui les accompagnent traditionnellement... et même, à l'occasion, avec un Grand gravelot en halte migratoire tardive !.
Encore une année difficile pour la reproduction de ces deux espèces que le Livre Rouge des milieux et des espèces menacés de la Région Centre, publié cette année par FNE Centre Val de Loire (Nature Centre), classe NT, c'est à dire "quasi-menacées" !