Le Castor d'Europe (Castor fiber), grand rongeur emblématique de la Loire, est présent au droit de Mardié - comme maintenant il l'est sur la majeure partie du fleuve : mais il est essentiellement nocturne, et ses terriers-huttes sont sur la rive sud. Son observation sur notre rive nord est donc très ardue, et lui "tirer le portrait" est une gageure. Personnellement, zéro succès malgré quelques tentatives d'affûts.
Donc, aucune photo de nos voisins, mais par contre beaucoup d'images de leurs "travaux" forestiers qui, ici, n'ont qu'un but strictement alimentaire, une fois la hutte construite.
En effet, si le robuste animal - adulte, il pèse entre vingt et trente kilos - coupe des arbres ayant parfois plusieurs dizaines de centimètres de diamètre, c'est uniquement pour leur emprunter leurs branches tendres, dont ils consommeront les feuilles et les écorces. Raisonnablement, nos amis ne font aucune tentative de construire des barrages sur le cours de la Loire.
Ainsi, sur notre rive, on trouve souvent, à côté d'un "réfectoire", des branches de Saule ou de Peuplier prêtes à traverser le fleuve entre les dents du mâle : elles partiront en face pour nourrir sa petite famille. A défaut, celles qui restent se boutureront peut-être pour reconstituer la "forêt-galerie du Castor", véritable garde-manger de l'espèce.
Parlons-en, de cette famille : à l'été, Maman élève dans son terrier-hutte (accès sous-marin pour la sécurité) ses trois nouveaux-nés de l'année (ou deux, ou quatre) ; mais entretient encore ceux de l'année précédente : il y a donc huit bouches à nourrir, dont six en pleine croissance ; et il faudra aussi que Papa fasse des provisiens de branches pour l'hiver, en les stockant sous l'eau.
On est donc surpris, lorsqu'on réussit une observation de Castors, de les voir très placides, qui rongeant une baguette de bois, qui se lançant dans une interminable toilette. On se demande si les Castors énervés existent réellement ;-)
Il y a des lieux , assez proches, où ces observations sont possibles. La Maison de la Loire du Loiret à Jargeau organise des sorties au coucher du jour, avec les optiques nécessaires prêtées. Guidées par le grand Cyril Maurer, elles offrent un maximum de chances de "contacter" le mammifère - même si leur réussite reste malgré tout un peu aléatoire.
Exceptionnellement, nous quittons donc Mardié pour une bonne observation, le 21 juillet dernier, près de Courpain, (entre Jargeau et Ouvrouer-les-champs).
Jusqu'à cinq Castors de différents calibres s'activent au bord de l'île ou circulent dans le courant du fleuve. Sur la photo du haut, on remarquera (vers la droite) une coulée dans la végétation, sorte de "tobbogan" qui leur permet de descendre à l'eau... et d'en remonter.
A l'occasion de ces mouvements, on peut distinguer les fameuses queues aplaties qui marquent leur singularité :
Une coulée portant en creux la marque des queues peut constituer un bon indice de la présence de l'espèce. Ainsi que les traces de pattes dans la boue sur la rive humide : grandes et palmées entre quatre doigts seulement, alors que les traces de Ragondins sont beaucoup plus petites, et sont palmées entre tous les doigts.
Un peu d'histoire pour terminer : "Le Castor d'Europe occupait autrefois la majorité des cours d'eau du territoire français. Pourtant, dès la fin du XIXe siècle, la chasse en particulier pour sa fourrure très recherchée, le piégeage et la destruction de ses milieux de vie avaient entraîné une forte régression de l'espèce (moins d'une cinquantaine d'individus subsistaient en 1900) dont l'ultime refuge fut la basse vallée du Rhône" (Wikipedia). Des mesures de protection furent alors adoptées dès 1909.
"Descendants de 13 animaux en provenance de la vallée du Rhône, relâchés sur la Loire en amont de Blois de 1973 à 1976, les Castors occupent aujourd'hui l'ensemble du fleuve et ses affluents dans les départements du Cher, du Loiret, du Loir-et-Cher, de l'Indre et de l'Indre-et-Loire." (Nature Centre).
Voir en vidéo la présentation d'un reportage de Nicolas Gruaud pour TF1 (4,34').
Plus d'informations sur Wikipedia , ou sur le Guide Castor-Loutre de l'ONCFS.
Merci à Alban Larousse pour ses dessins inédits.