Lorsque j'étais (comme vous ?) dans ce qu'on nomme "la vie active", la nature et la vie sauvage m'apparaissaient comme l'arrière-plan (le "background", le "backstage"...) de la vie familiale, de la vie sociale et de la vie professionnelle qui consommaient l'essentiel de mon existence. Un support, un environnement, un décor... le milieu naturel, que je rencontrais surtout au moment des vacances, pouvait par moments se montrer merveilleux, et à d'autres totalement désagréable : mais, depuis mon enfance, j'étais très attiré par la nature et j'aimais énormément les plantes, les arbres, les animaux sauvages rencontrés fortuitement, et les fabuleux paysages parcourus ou vécus, en France ou ailleurs.
La fin de cette "vie active" n'a ralenti ni ma vie, ni mon activité. Mais les circonstances m'ont amené, pour pouvoir mieux le défendre, à m'immerger dans ce milieu naturel, sur ce territoire précis que vous connaissez. Et elle m'a donné le temps nécessaire pour le découvrir, le comprendre, l'apprendre, le travailler. Ainsi, pour connaître - et pour vous faire connaître - ce petit oiseau extraordinaire qu'est le Martin pêcheur, depuis 2006, il m'a fallu deux ou trois centaines d'heures d'affût en bord de Loire, et autant derrière l'ordinateur en traitements d'images et en rédactions !
Chaque nouvelle année nous apporte son lot de bonnes surprises, de nouvelles rencontres, de photos inédites. En 2013, j'ai enfin pu photographier deux de "nos" Castors en plein jour... Porter notre inventaire "oiseaux" à 132 espèces, et notre inventaire "Odonates" à 33 espèces ; contacter de nouveaux Lépidoptères (papillons) ; découvrir, photographier et filmer des pratiques peu (ou pas ?) connues de certaines araignées, de certains oiseaux ; etc.
Mais chaque année apporte aussi son lot de désillusions, d'échecs, d'attentes à prolonger. Globalement, les milieux naturels continuent à être sacrifiés à la légère, à être pollués, et la biodiversité continue à s'éroder. Nos combats doivent donc continuer, et même s'intensifier. Avec l'espoir que les générations montantes, que nous contribuons à sensibiliser, amplifieront nos exigences.
Concomitamment, notre immersion dans le milieu naturel, au plus près des espèces sauvages, et nos observations des systèmes complexes qui génèrent la biodiversité nous amènent à redéfinir complètement nos valeurs, à renverser nos certitudes : la nature et ses ressources ne sauraient plus être considérées comme de simples accessoires de l'activité humaine, économique ou ludique. La croissance numérique de notre humanité la transforme de plus en plus en espèce envahissante, prédatrice et destructrice. Or l'idée de construire des sociétés "hors sol" - comme on cultive maintenant des fraises sans terre - est une idée folle, qui nous conduit droit au mur !
Au contraire, nous ne pouvons fonder nos bonheurs existentiels que sur un respect infini de tous les constituants de notre "Terre-mère" : faune sauvage et animaux domestiques, cours d'eau et océans, forêts et couverts végétaux variés, climats et paysages... au même titre que les groupes sociaux et les humains nos sœurs et frères. Dans nos choix de consommations, comme pour les transformations que nous initions nécessairement, nous devrions désormais nous interdire de participer à la moindre dégradation de l'environnement. Et, au contraire, toujours concourir à le préserver, ou même à le valoriser en allant au-delà de simples compensations. Il nous faut travailler à imposer cette règle à tous les acteurs économiques, via nos gouvernants et nos lois.
2014... Battons-nous ensemble pour faire vivre nos espoirs de reconquête ! Meilleurs vœux à tous.