(Dessin d'Alban Larousse, extrait)
Parmi les évolutions inquiétantes de la biodiversité dans notre région, le Livre rouge que nous vous avons présenté dans notre précédent article pointe notamment que les effectifs d’Hirondelles ont fortement chuté en trois ans. Or la dénomination d'Hirondelle recouvre sept espèces différentes, dont trois sont familières sur notre territoire : nous vous en avons parlé à plusieurs reprises cette année, pendant qu'elles séjournaient chez nous ou lors de leur passage, puisqu'elles sont migratrices et hivernent en Afrique.
Regardons-les de plus près pour apprendre à les distinguer les unes des autres :
L' Hirondelle de rivage (Riparia riparia)
150, 250, jusqu'à 350 cavités creusées dans la falaise de sable de la rive sud de la Loire... et trop souvent détruites par les montées des eaux printanières : vous avez suivi d'année en année les vissicitudes des reproductions des Hirondelles de rivage (voir notre article "Que sont nos amies (hirondelles de rivage) devenues ?" du 19/05/2012).
Comme les autres Hirundinidés, ce passereau aux ailes pointues, au bec petit et aux pattes courtes se nourrit en capturant en vol des insectes grâce à un large gosier et un vol rapide et habile. Mais à la différence des autres, vivant en colonies, il est inféodé aux milieux aquatiques, plans ou cours d'eau, et niche exclusivement dans les parois des sablières, les talus et les berges sableuses.
L'Hirondelle de rivage est la plus petite de nos trois Hirondelles, avec une douzaine de centimètres de long. La tonalité brunâtre de ses ailes et de son dos la distingue de ses cousines plus noires. Un collier pectoral sombre sépare sa gorge blanche du ventre également blanc.
L'Hirondelle rustique (Hirunda rustica)
Pour les plus âgés d'entre nous, et surtout pour ceux qui vivaient à la campagne, les Hirondelles rustiques étaient de loin les plus familières, quand elles n'étaient pas les seules connues. Certes, elles fréquentaient des dortoirs dans des roselières hors période de nidification. Mais comme les insectes du bétail ou des cultures leur servaient d'alimentation, elles installaient leurs nids en argile caractéristiques sous les plafonds des étables et des granges des fermes.
Avec la disparition du bétail et l'abandon des cultures ou leur traitement par des pesticides mortels, nos amies, qui annonçaient par leur retour l'arrivée proche du printemps, se sont raréfiées. Mais leurs nids tiennent bon : celui-ci, chez nous dans une grange accessible, est réoccupé, depuis des années, pour la nidification d'un couple de Troglodytes nains.
Les Hirondelles rustiques montraient aussi l'approche de l'hiver en se rassemblant "sur les fils télégraphiques", comme le disait la chanson. On les remarque encore dès la fin de l'été sur les câbles électriques torsadés, mais en beaucoup plus petites compagnies.
Nettement plus grosse, avec une longueur d'environ 20 cm, l'Hirondelle rustique se reconnait à son dessus et à sa bande pectorale noir à reflets bleutés, et surtout à sa gorge et son front rouge sang. La queue est profondément fourchue, prolongée par des filets, plus longs chez le mâle adulte.
L'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum)
Bien que présentant des similitudes avec la rustique, l'Hirondelle des fenêtres est plus urbaine et plus montagnarde, et préfère des dortoirs dans les arbres plutôt que dans les roselières. Presque aussi petite que sa cousine des rivages, elle n'a ni bande pectorale, ni couleur rouge, ni filets à l'extrêmité de la queue échancrée. On la perçoit nettement noir et blanc. Son vol est plus irrégulier, et les colonies qu'elle fréquente peuvent être bruyantes.
Difficile de parler de nos Hirondelles domestiques sans parler aussi du Martinet noir. Du fait d'une certaine ressemblance, et sans doute aussi parce qu'il se mélange souvent en vol avec elles, la confusion est fréquente.
Le Martinet noir (Apus apus), que l'on voit surtout dans les villes et les villages où il trouve des trous pour nicher, est avant tout un fabuleux "marathonien" de l'air. En raison notamment de pattes si réduites qu'il lui est difficile de se poser, le Martinet est la plupart du temps au ciel : il va même jusqu'à dormir en vol pendant sa migration, il peut s'accoupler en vol etc.
Mesurant un peu moins de 20 cm de long, il se reconnait à son dessous uniformément sombre et à ses longues ailes pointues en forme de lame de faux.
Mais les Martinets ne sont pas des Hirundinidés : ce sont des Apodidés.
Espérons qu'ils continueront, pour notre plaisir nostalgique, à meubler en choeur les ciels des chaudes soirées d'été avec leurs cris stridents...