2015 l’année la plus chaude jamais enregistrée ? Les experts en sont maintenant convaincus, et nous en avons subi ici, au bord de la Loire des preuves répétées. Le ciel bleu a obstinément régné pendant la majeure partie des "belles" saisons, printemps et été.
Avec des avantages : une visibilité particulière sur l'avifaune avec plusieurs "coches" nouvelles (Faucon pèlerin, Marouette ponctuée, Héron garde-bœufs, Oenicdème criard) ; des observations exceptionnelles comme celles d'un Héron pourpré présent pendant presque un mois devant le Mont ; et des photos de qualité car bénéficiant de conditions de lumière souvent optimales. Ainsi celle de Jacques Thomas où des Hirondelles sont posées comme des notes sur une portée musicale (notre article Hirondelle des villes, Hirondelle des champs du 7/09/15) ; ou celle qui rapproche de façon saisissante le vol pur d'un Balbuzard pêcheur avec celui d'un Airbus laissant derrière lui les traces de sa consommation d'hydrocarbures (notre article Monter au ciel : qui montre l'exemple ? du 24/09/15).
En revanche, cette anomalie climatique n'a pas servi le paysage. Les épisodes de canicule ont "grillé" les feuillages de nombreuses espèces végétales terrestres, tandis que les rejets envahissants trouvaient sur les îlots et les grèves des conditions d'implantation et de croissance particulièrement favorables. L'étiage a provoqué une baisse de niveaux sans précédent, découvrant de larges secteurs au détriment des courants de faible hauteur qui attirent habituellement dans notre secteur de nombreuses espèces. Quant aux ciels, ils ont été largement privés des symphonies de couleurs qui enchantent les autres années les petits matins et les couchers du soleil. Il a fallu attendre l'automne pour voir revenir ce type de rouge matinal (notre article Intermède automnal du 25/10/15).
Matinal, mais aussi exceptionnellement nocturne : la lune a subi une magnifique éclipse... par la terre (notre article Lune rouge sang : le ciel est aussi un paysage ! du 29/09/15). qui a permis de l'observer à la lunette avec un relief étonnant.
Le faible niveau de l'eau sur le bras nord de la Loire devant Mardié nous a aussi largement privé de beaux spectacles habituels en juillet/août : celui des plongeons des Balbuzards pêcheurs, de leurs envols "récompensés", de leurs montées en spirale avec les courants ascendants.
Leur pêche a dû se reporter plus en aval devant Latingy ou dans le virage de Bou, ou sur les étangs.
En quête d'une nourriture raréfiée, certains passereaux ont franchi des barrières dangereuses en rentrant dans les maisons. Ce Rougegorge familier entré dans notre véranda a eu beaucoup de mal à en sortir, même avec notre bienveillante assistance ! (Notre article L'ami Rougegorge ! du 02/11/15).
Alors, le dérèglement climatique est-il en cause ? Tout le laisse à penser !
Depuis plusieurs années, on voit arriver discrètement, puis s'installer dans le paysage des espèces d'oiseaux considérées jusque là comme plutôt "méridionales" Ainsi, à l'automne, plusieurs petits groupes de Hérons garde-bœufsse sont mêlés aux Aigrettes garzettes sur les grèves ou les îlots des jours durant. (Notre article Nouvel invité : le Héron garde-boeufs du 15/09/15). On les avait vues jusque là surtout dans des documentaires sur l'Afrique.
Et les trois Echasses blanches qui ont séjourné au pied du coteau du Mont au mois d'août étaient peut-être celles que nous avions vues antérieurement... sur le canal du Midi ! (Notre article Trois Echasses blanches du 11/08/15).
Est-ce aussi lié à spécificités du climat de 2015 ? Nous n'avions jamais eu une telle visibilité sur les Castors d'Europe qui à partir du mois de mai sont sortis tous les soirs en face du Mont, une heure avant la tombée de la nuit, sur la rive nord de l'île des Baffaits (Nos articles Le soir des Castors du 24/06/15 et du 29/06/15).
Nous pourrions aussi voir dans quelques années apparaître de nouvelles espèces d'Odonates plus méridionales. Les "coups de chaud" auraient pu cette saison favoriser les émergences, mais la mise à sec de milieux de reproduction a pu jouer en sens inverse, puisque les observations n'ont pas été extraordinaires sur la rive de Loire.
Par contre, la situation aurait pu être meilleure dans les bois. A la mi-juin, une Aeschne mixte est venue quotidiennement nous tenir compagnie dans une allée du Grand-Bois d'où nous observions les Balbuzards. (Notre article Libellules : derniers contacts du 15/07/15.)