Loire & biodiversité

* Blitzkrieg = guerre éclair, pour les non-germanistes n'ayant jamais entendu parler de la guerre de 40 !

La "chaîne alimentaire" naturelle, ce sont les "gros" qui mangent les "petits", partout et en permanence...

Un gentil papillon Lythria purpuraria - l'Ensanglantée des renouées, voir notre album "Lépidoptères" - folâtre dans les herbes. Il ne se soucie en rien des deux gros yeux à facettes et des trois ocelles qui garnissent le front d'un Orthetrum albistylum femelle perché immobile sur une petite branche morte. Distraction fatale : ces organes visuels sont braqués sur lui et l'Odonate, en une fraction de seconde, fond sur l'insecte volant et revient se poser. En deux temps et  trois mouvements de mâchoires, les ailes tombent brisées, la libellule croque le reste et se "lèche les babines".

Prochains épisodes probables : un oiseau insectivore va croquer notre libellule, y compris ce qui reste du papillon, avant d'être lui-même dévoré par un Autour des palombes, par exemple. Cruelle nature !

07/07/11 - 18h 40 : Accrochant avec vigueur les rafales de vent, un Autour se déplace rapidement au dessus de la Loire, puis vers le coteau. Sa cible apparaît alors clairement : une petite bande de passereaux qui tente la traversée. Il en isole un du groupe, et plonge pour le prendre dans sa fuite éperdue. Les arbres cachent le dénouement, mais le rapace réapparaît en hauteur : sans doute après un échec.

Cruel, spécialement cruel, ce rapace qui s'attaque à ses congénères ? Certes, mais pourquoi admirons nous cet autre qui tire brutalement des poissons du fleuve où ils étaient si tranquilles ? Ce n'est jamais que la "Loi de la jungle"... Doit-on y condamner l'anthropophagie (enfin, on se comprend !).

En tous cas, l'Autour des palombes, rapace moyen qui fait environ un mètre d'envergure, n'en est pas ici à son premier forfait . Récemment, J.T. avait trouvé dans notre sous-bois les maigres restes d'une mouette dévorée par un Autour... ou un Aigle botté, difficile de savoir, en l'absence de signature. Une fois capturé en vol, la victime est généralement plaquée au sol avant d'être dépecée.

2/07/11 - Samedi, le naturaliste Sébastien Verneau est venu au Mont accompagner quelques proches et amis photographes à la recherche de scènes intéressantes...
Première étape vers 19h : une observation de notre aire de Balbuzards pêcheurs dans le Grand Bois. Tous ceux qui ont suivi notre chronique savent qu'après le passage de la troisième femelle, le jeune mâle surnommé Seb est resté seul, et ne fait plus que des passages aléatoires sur son nid. Les chances de le voir paraissaient donc limitées.

Seb a eu l'élégance d'être au rendez-vous sur son perchoir, ce qui a permis une première séquence d'observations et de tests de photo et de digiscopie. Là-dessus, un second Balbuzard est venu le rejoindre sur l'aire où il était descendu. Mais pas assez longtemps pour que l'on puisse l'identifier.
Deux observateurs ont pu se rendre à la tente-affût sans déranger Seb, et prendre de belles photos rapprochées du Balbuzard alors qu'il procédait à une grande toilette.
Cette présence maintenue est de bonne augure pour la reproduction sur l'aire en 2012.

16/06/11 - L'éclosion des jeunes Sternes naines était décelable depuis un bon moment : au nid, plumages gonflés et regards de la femelle vers le bas trahissaient la présence des poussins. Aujourd'hui, c'est la première grande sortie pour les trois minots de l'un des nids sur les quatre que nous suivons, le plus visibles. D'ailleurs la maman a déserté le nid d'origine, et s'est installée successivement dans deux autres creux avec sa progéniture tantôt sous elle, tantôt en exploration à proximité immédiate du nid.
Quant au mâle, il doit "assurer" en apportant l'alimentation de toute la famille : les petits poissons vont être de plus en plus attendus, et le rythme de la pêche va devoir encore s'accélérer... jusqu'à ce que les juvéniles s'y mettent à leur tour.

L'émotion est toujours intense lorsqu'on assiste à la naissance de la vie, puis à l'éveil et à la croissance des petits. C'est aussi naturellement le cas lorsqu'on accompagne nos propres enfants, les petits des hommes ; comme nous l'avons fait le 5 juin à l'occasion d'une journée de sortie de la classe de grande maternelle de Mardié consacrée à des parcours de découverte.


Avec eux, apréhender le paysage ligérien avec chacun de nos sens, descendre le chemin de ragondins, traverser la brousse des Carex d'où se lèvent des nuées de libellules, inventorier devant un pied d'asperge sauvage tout ce que la nature nous donne à manger, admirer le travail du castor et surprendre les hérons... c'est apporter des matériaux précieux à la construction de ces personnalités déjà bien perceptibles. Et contribuer à l'apprentissage du respect de l'environnement : il sera de plus en plus nécessaire dans un monde qui prend enfin conscience des énormes dégâts commis au bénéfice d'une croissance irréfléchie, insouciante des ressources finies de la nature.
Et c'est une vraiment belle expérience, pour laquelle nous remercions tout l'encadrement de la classe.
Nous avons montré à ces enfants la nidification des Sternes dans une lunette d'ornithologue. Beaucoup n'ont pas réussi à distinguer ces oiseaux de leur milieu caillouteux. Il faudra continuer ce travail dont, dans un temps si court, seules les bases ont pu être posées.

Et cet album, c'est celui des Lépidoptères : nos familiers papillons.

A ceux qui se lamentent de ne plus en voir "comme avant", nous disons de venir ici : au moindre rayon de soleil, les prairies aussi bien que les allées des bois en sont pleins !

Nous vous en présentons dans ce nouvel album cinquante espèces contactées ici au cours des saisons... Sans même avoir cherché à en faire un inventaire exhaustif. C'est dire que nous ne manquerons pas d'en rajouter bientôt de nouvelles.

Prenez le temps de flâner dans ces images : c'est un véritable festival de formes familières ou mystérieuses, de couleurs ternes ou bariolées, de signes étranges issus de l'imagination d'on ne sait quel "designer" fou !

Ailes fermées, le Paon du jour est noir charbonneux. Comme cet album, quand il s'ouvre, c'est sur un éblouissement de couleurs.

Allez donc vite l'ouvrir !

Présenté par notre ami le célèbre Blue Lacerda, le palmarès naturaliste du mois de mai passé :

Trois fleurs spectaculaires que vous pouvez rencontrer à Mardié (et dans le Loiret) :

- Le Gouet maculé - Arum maculatum - ou Arum sauvage : spathe et spadice sophistiqués...

- L'Orchis bouc - Himantoglossum hircinum - l'orchidée sauvage aux  labelles en lanières trilobés spectaculaires.
- La Digitale pourpre - Digitalis purpurea - une superbe vénéneuse qui embellit nos landes et nos clairières.

Détails sur le site "Fleur des champs" : http://www.fleurs-des-champs.com/liste.php

Trois oiseaux de taille moyenne parmi les plus beaux de nos campagnes :

- Le Geai des chênes - Garullus glandarius - familier, audible et visible en forêt comme sur les pelouses.

- Le Loriot d'Europe - Oriolus oriolus - farouche et mobile, mais souvent trop haut pour être vu. Beau sifflement flûté très reconnaissable "didelio" (qui m'a accompagné ce matin à l'aube pendant une longue course-poursuite d'un couple devant ma véranda...).

- La Huppe fasciée - Upupa epops - le plus spectaculaire en vol comme au sol, notamment quand sa huppe se déploie.

Détails sur le site Oiseaux.net   http://www.oiseaux.net/

Trois libellules les plus charmantes ou intéressantes :

- L'Agrionjouvencelle - Coenagrion puella - le mâle très lumineux en vol, comme un éclair bleu.

- L'Anax empereur - Anax imperator - : ici une femelle déposant ses oeufs fécondés, presque invisible des grenouilles !

- Le Calopteryx éclatant - Calopteryx splendens - une des plus visibles en rives de Loire, avec un mâle d'un très beau bleu irisé.
Pour les libellules, difficiles à identifier, se procurer  l'indispensable guide de chez Delachaux et Niestlé.

15/05/11 et après - Dans un récent article, nous vous avons fait le portrait des Sternes , Sternes pierregarin et Sternes naines.

Un mois après la nidification des premières, les naines ont à leur tour posé leurs oeufs à même le sol sur des bancs de sable et de graviers. Cette année, nous n'observons depuis le Mont que trois femelles en couvaison : beaucoup moins que les autres années. Mais par contre on devrait éviter le risque de crues qui, comme cela a été le cas en 2008, 2009 et 2010, emporteraient les nids !

Pour autant, rien n'est joué pour ces reproductions. Les photos précédentes, volontairement en plans éloignés, sont là pour illustrer le fait que, même avec des adultes sur le nid, ceux-ci sont très peu visibles.

Il y a quelques jours, nous avons été alertés par des aboiements de chiens déchaînés... pour découvrir dans le lit peu profond de la Loire un homme, un jeune enfant et deux chiens lâchés dans la nature. Ces derniers, précédant leur propriétaire, avaient déjà fait fuir tous les oiseaux sauvages qui sont habituellement dans le secteur.

Mais surtout, le groupe, allant d'îlot en îlot, remontait la Loire et allait atteindre celui où se trouvent nos trois nids. Au dernier moment, en désespoir de cause, je suis intervenu et ai réussi à faire revenir tout le monde sur la rive. Pour me faire engueuler abondamment par ce brave promeneur à qui, de toute évidence, en tant que domaine public, la Loire appartenait corps et âme ; l'empêcher de laisser vagabonder ses chiens représentant une insupportable privation de liberté, du même ordre que limiter la vitesse et l'alcool au volant.

Quelque temps après, de nouveaux aboiements nous faisaient retrouver notre amoureux de la Loire, doté d'une pelle, d'un seau et d'une "batée", creusant dans les graviers, manifestement entrain de... chercher de l'or !

Le lendemain, le même passait beaucoup de temps à parcourir en long et en large l'île des Baffaits, avec un seul chien, soulevant des cailloux ou des objets par ci et par là.

Heureusement, le spectacle des oiseaux vous remet les idées en place et vous rassure un peu sur l'avenir de la planète, quand nous aurons cessé de la détruire pour nos mirages d'or ! Ainsi, pour revenir aux Sternes, un jour suivant, nous pouvions encore assister à la jolie scène de l'offrande de poisson par un mâle à la femelle qu'il courtise :

Mai là aussi, les nidifications tardives sont risquées : avec l'approche de l'été, vont se multiplier les groupes de kayakistes bruyants qui débarquent sur les îles pour se soulage, pour déjeuner, pour camper...

Il fut un temps où les emplacements de nids ds Sternes étaient protégés par des panneaux informatifs, voire par des "Arrêtés de biotopes" signalés... Et où l'on nous promettait la "tolérance zéro" à l'égard des contrevenants !

  A défaut d'avoir trouvé et satisfait LA partenaire femelle pour une reproduction, Seb ne manque pas de prétendantes : ce qui complique pas mal son existence !

15/05/11 - Le 29/03/11, nous avions annoncé le retour d'un de nos oiseaux les plus emblématiques : la Sterne pierregarin. Un mois après, jour pour jour, nous avions signalé à Obscentre les premières Sternes naines. Ce décalage d'un mois dans les retours de migration est habituel.

Décalage de taille aussi que l'on peut visualiser avec ces beaux dessins d'Alban Larousse : 33 cm environ pour la pierregarin au bec rouge à bout noir, 23 cm pour la naine au bec jaune à bout noir.

Hormis ces différences, ces deux oiseaux de la famille des Laridés ont des moeurs assez semblables. Ils survolent inlassablement et souvent bruyamment la Loire, guettant les petits poissons, les ciblant lors d'arrêts en "vol de Saint esprit", et plongeant en flèche pour les attraper en surface avec leurs becs.

Les pierregarin sont entrées en période de nidification. Les naines devraient bientôt commencer la leur.
Les Sternes couvent leurs deux ou trois oeufs au sol dans des creux formés sur les rives de îles, îlots ou bancs de sable et de graviers. Les poussins, sortis de la couvaison, ne sont protégés que par un mimétisme de couleurs et de taches avec leur milieu. Ils sont très exposés au retour de crues du fleuve, crues qui ont été effectives les trois dernières années. Si ils en réchappent, débarquent les kayakistes qui sont aussi friands, pour leurs haltes, des pointes des îles : leurs piétinements inattentifs peuvent achever la destruction des couvées. 

Voici donc des oiseaux au "design" parfait, caractéristiques du fleuve, facilement identifiables... et dotés d'une forte personnalité : notamment, si elles estiment leurs nids menacés, les Sternes peuvent devenir très agressives. Et, par exemple, attaquer un Balbuzard pêcheur, le harceler, et le "raccompagner" sur des centaines de mètres !

Sterne pierregarin sur oiseaux.com
Sterne naine sur oiseaux.com

08/05/11 - Pour avoir résolu en moins de 24 h le problème de diffusion de la Balbu-Lettre, l'inspecteur Cendré a été décoré de la Légion d'honneur par le Président de la Sauvagine, et une loi a été promulguée pour interdire les "Balbus-bugs".

Sans se reposer sur ses lauriers, Cendré  s'est penché sur un phénomène vu pour la première fois sur la Loire devant Mardié, à savoir l'apparition à grande échelle de plaques blanches de Renoncules flottantes (Ranunculus fluitans).

Leur développement serait dû à l'absence de crues printanières, et à la facilité du développement de ces plantes dans une eau peu profonde et d'une température déjà élevée.
A voir fiche "Tela botanica".

Au cours de ses investigations, voici les rencontres faites par l'inspecteur Cendré :

Des Canards : Généralement des colvert ; beaucoup de Cannes colvert ont derrière elles des portées de moins de deux semaines, jusqu'à 11 canetons. Deux Canards souchet reconnaissables, pour les mâles, à leur tête quasiment noire et leurs larges becs noirs en spatule ; une Canne souchet avec seulement deux canetons. (Minorité suspecte, à surveiller...)


Et des Limicoles, petits échassiers hyperactifs appartenant à plusieurs espèces : Combattant varié ; Chevalier aboyeur ; Chevalier guignette ; Petit gravelot etc. Petits, voire tout-petits, c'est un casse-tête pour les distinguer les uns des autres. Laissons ce travail de ouf au spécialiste, le célèbre Commissaire Larousse !

Et d'autres espèces dont on vous reparlera dans les jours qui viennent : les Sternes nainesqui viennent d'arriver plusieurs semaines après leurs consoeurs pierregarin ; Les Vanneaux huppés, toujours nombreux... Etc.