La présence du Balbuzard sur la Loire au droit de Mardié était déjà avérée depuis des années lorsque, en 2005, nous prenons conscience de l'intérêt de ce rapace pêcheur. Nous rencontrons alors le Groupe Pandion, grâce à qui nous approfondissons la connaissance de cette espèce passionnante. Nos observations, cet été là, nous convainquent que des couples doivent nidifier au nord de Latingy, alors que les nids répertoriés sont tous dans les massifs de Lorris et d'Ingrannes ; et nous vérifions que la fréquentation de notre territoire est beaucoup plus importante que ce que pouvaient laisser croire certains spécialistes.
L'idée d'implanter une plateforme d'appel dans les bois naît immédiatement, et le "pari" audacieux est validé par le Groupe Pandion auquel nous participons désormais. Avec ses experts, le choix de l'arbre-support au coeur du bois est confirmé en 2006, et la plateforme montée en mars 2007. Au delà de notre motivation fondamentale, qui est de participer à l'aventure de la restauration de l'espèce, on pense que le projet réussi pourrait aussi, en mettant en lumière l'exceptionnel potentiel de biodiversité qui a permis cette implantation, constituer un nouvel obstacle significatif à la déviation routière qui menace Latingy. L'emplacement choisi étant justement... dans le fuseau de l'implantation prévue !
Dès l'été 2008, un jeune mâle bagué en 2006 en forêt d'Orléans occupe la plateforme. "Balbulat" revient en avril 2009 et se réapproprie l'aire. Il entreprend une nidification avec une femelle baguée en Allemagne, mais cette tentative tourne vite à l'échec.
Fin mars 2010, le même mâle s'installe avec une femelle également originaire de la forêt d'Orléans, surnommée "Gauchette". Le couple se livre à tous les rituels nuptiaux : apport de branches par le mâle pour compléter l'amorce de nid, présentation de proies à la femelle, accouplements. Une couvaison démarre à la mi-avril, et les éclosions interviennent fin mai. Deux poussins sont alors observés et photographiés par la suite, surnommés Yab et Lil.
(Un récit photographique de cette nidification a été suivi au jour le jour par 60 passionnés.)
C'est le premier né de ce nid que Yann Arthus-Bertrand est venu parrainer le 10 juillet 2010 à Mardié, en présence des militants de MARDIEVAL et des naturalistes qui nous ont aidé dans ce projet.
Il a voulu par là affirmer que "chez nous", en France, il est urgent de travailler à la restauration des milieux naturels, au lieu de les sacrifier indéfiniment, sans discernement, à des infrastructures obsolètes, non durables et destructrices...
En mars prochain et les années suivantes, Balbulat devrait revenir pour de nouvelles nidifications. Des projets de reportage ont été évoqués avec Yann, et même des éventuelles installations qui permettraient de vous faire partager le suivi de ces extraordinaires séquences de vie sauvage... Ce n'est donc que le beau début d'une longue et passionnante histoire que vous allez suivre !