Notre seconde sélection d'écorces à reconnaître n'a visiblement pas inspiré nos amis naturalistes... en herbe. En effet, la meilleure proposition reçue dans le délai prévu ne comportait que trois identifications exactes. Et, hélas, le sursis accordé n'a apporté que des réponses encore moins exactes. Honte... donc pas de gagnant. Et beaucoup de boulot à faire !
Faites donc connaissance avec ces neuf arbres, presque tous très familiers dans nos paysages...
A1 : Noisetier commun (Corylus avellana).
Tellement commun et abondant que l'on doit oublier de le regarder, de regarder ses troncs multiples couverts d'une écorce brun-gris brillante, ses feuilles poilues presque rondes, ses chatons - fleurs mâles - les premiers à apparaître en fin d'hiver (voir notre article Des chatons ? Oh, que c'est mignon ! du 18/03/2011).
Tout cela était visible sur notre photo-montage. Mais peut-être aurions-nous dû vous mettre aussi les noisettes, le fruit du Noisetier si recherché en fin d'été, notamment par les enfants et les écureuils...
A2 : Merisier (Prunus avium).
A la fin du printemps, la tentation des enfants gourmands vient des cerises bien mures qui les provoquent depuis le jardin du voisin. Pour les plus sages qui n'oseront pas escalader le mur séparatif interdit, le "Cerisier des oiseaux", comme on nomme aussi le Merisier, qui pousse couramment dans nos bois, sera une maigre compensation : ses fruits sont assez petits et peu accessibles. Mais, avec son feuillage rouge et son écorce brillante où le bordeaux est strié de gris, ce Prunus familier enchante nos paysages à l'automne.
A3 : Erable negundo (Acer negundo).
De taille modeste, cet originaire d'Amérique du nord est mal vu des naturalistes : chez nous, facilement envahissant, il a tendance à coloniser sévèrement les rives de Loire, en concurrence avec les Peupliers et les Saules qui constituent la source d'alimentation des Castors d'Europe. Pourtant, avec son écorce gris clair sillonnée du vert que l'on retrouve pur, mais pruineux, sur les rameaux ; avec son feuillage clair et ses fleurs en grappes plumeuses pendantes au printemps, cet arbre dioïque ne manque pas d'élégance. Ses cultivars horticoles, comme le variegatum au feuillage panaché, très lumineux, décorent d'ailleurs de nombreux jardins paysagés.
B1 : Hêtre commun (Fagus sylvatica).
Les hautes futaies de Hêtres - comme celles des forêts de Fougères ou de Crécy - génèrent, selon nous, les plus beaux sous-bois qui soient, lorsqu'ils sont traversés par les rayons du soleil. Elles ne sont en principe exploitées qu'à 130 ou 150 ans !
Dans les forêts caducifoliées du Loiret, dominées par le Chêne pédonculé, le "Fayard" reste hélas très minoritaire. Les sujets qui s'épanouissent en situation isolée peuvent cependant laisser admirer ici ou là leur ports altiers, leurs feuillages brillants et soyeux, et leurs écorces lisses argentées. Par contre, les enfants d'aujourd'hui méconnaissent totalement les faînes, petits fruits du hêtre que l'on grignotait autrefois avec ardeur.
B2 : Peuplier tremble (Populus tremula).
Seul Peuplier vraiment forestier, cet arbre au port étalé à croissance vigoureuse, que l'on rencontre couramment sur les lisières, est un "pionnier", un conquérant : en effet, ses racines traçantes multiplient les rejets autour des sujets en croissance.
Son nom vient de l'agitation de ses petites feuilles vert-gris, duveteuses et de formes arrondies, que provoque la moindre brise. Son tronc est aussi souvent plus sinueux que ceux des autres variétés de peupliers.
B3 : Saule blanc (Salix alba).
Une des espèces les plus familières parmi la ripisylve de la Loire : on le rencontre sous forme de sujets majestueux, pouvant atteindre 30 m de haut, aussi bien que jeune dans une forêt-galerie où le Castor va un jour le couper en le taillant "en crayon". Taille qui ne sera pas forcément mortelle : le saule pourra repartir en rameaux souples, à l'instar des arbres taillés "en têtard" pour la production de l'osier.
En attendant, le Saule se distingue facilement par son feuillage pâle, vert argenté ; les feuilles, finement lancéolées, sont précédées par de magnifiques chatons blancs pour les sujets mâles - cet arbre étant aussi dioïque.
C1 : Tilleul argenté (tillia tomentosa).
Cet arbre majestueux à croissance rapide peut dépasser 30m de haut. Son port régulier et son feuillage d'un jaune éclatant en font un arbre d'ornement très prisé pour des grands alignements, notamment en milieu urbain.
Mais le joli bois clair et léger du Tilleul est cassant, et les branches élancées résistent mal aux tempêtes. Autre défaut : les fleurs de cette espèce seraient nocives pour la plupart de nos abeilles...
C2 : Séquoia géant (Sequoiadendron geanteum).
Ce conifère détenteur de records (volume, longévité...) garde des tailles raisonnables sur notre continent, où il est souvent utilisé en ornement dans les espaces ouverts des parcs. Il faut aller dans les grandes forêts nord-américaines pour en rencontrer de vraiment géants.
A Mardié, c'est un Séquoia géant situé au coeur du Grand bois de Latingy qui a le privilège de recevoir notre aire de Balbuzards pêcheurs : ces rapaces ont besoin d'une position dominante. La cime de ce sujet, sans doute brisée par un orage, était repartie "en berceau" et se prêtait donc bien à un recépage pour accueillir la plateforme.
C3 : Peuplier noir (Populus nigra).
Vous les reconnaissez ? Les magnifiques bouquets de cette espèce qui poussent en bas du Mont sont particulièrement emblématiques de notre rive de Loire mardésienne. Et nous vous en avons déjà parlé dans pas moins de douze articles !
Nous ne reviendrons donc pas sur les variations de couleur, les chatons mâles rouges, l'éclosion en neige des graines etc.
Notons simplement le caractère encore sauvage de ces sujets familiers de notre ripisylve : leur pureté génétique est menacée à terme par le pollens de nombreuses variétés hybrides produites pour la populiculture et l’ornement.
Voilà, nous vous conseillons à nouveau de travailler sérieusement le sujet, et vous recommandons encore pour cela le Guide des écorces des arbres d'Europe chez Delachaux et Niestlé, ou le magnifique beau livre "Ecorces, galerie d'art à ciel ouvert" de Cédric Pollet chez Ulmer.