Loin de nous l'idée de dénigrer les fleurs horticoles, celles que nous vendent les jardineries et que nous plantons dans nos massifs : beaucoup de ces "créations" sont très belles et accumulent toutes les qualités possibles et imaginables.
Mais, pour les amoureux des fleurs, au regard de ces innombrables cultivars sophistiqués, rien ne vaut la pureté et la simplicité des espèces sauvages dont ils sont issus.
Actuellement, les fleurs blanches et souples du Chèvrefeuille des bois embaument littéralement leur environnement : les parfumeurs le savent, qui utilisent couramment cette fragrance délicieuse. La plante rustique se suffit à elle-même, elle ne déparera pas non plus dans un grand jardin savamment composé.
Mais nos Pivoines, Glaïeuls, Tulipes, Œillets, Jacinthes, Géraniums, et bien évidemment, pour commencer, nos Roses... Toutes ces fleurs familières cultivées dans les pépinières ont pour origine une fleur simple dans la nature sauvage. Vous rencontrerez les élégantes pivoines sauvages roses, à une seule rangée de pétales, dans les sous-bois du Moyen-Atlas marocain ; les fins Glaïeuls pourpres (Gladiolus illyricus) colonisent des prairies sèches dans le midi de la France ; les frêles Tulipes sauvages (Tulipa sylvestris) de couleur jaune abondent dans les forêts jurassiennes, mais se rencontrent aussi plus rarement dans le Loiret.
Partout dans nos campagnes, le simplissime églantier, alias Rosier des chiens (Rosa canina), préfigure les innombrables variétés de rosiers, anciens comme modernes, qui honorent prioritairement nos petits et grands jardins. En bouton comme épanouie, sa fleur possède une couleur tendre et un parfum suave mais délicat. Pour ceux qui aiment la pureté et détestent les maquillages, ce pourrait être la fleur idéale.
Le "Géranium" des balcons et jardins de banlieue est en fait un "Pélargonium" dont on rencontre la variété sauvage dans l'Anti-Atlas marocain. Mais la famille des Géraniums se décline chez nous en multiples espèces familières.
Celles qui ont des fleurs de petite taille, comme le Bec-de-grue commun (Erodium cicutarium) ne sont pas pour autant méprisables : elles peuvent compenser en colorant des prairies entières, marquant ainsi les paysages pendant leur période de floraison.
C'est d'ailleurs une des qualités principales des fleurs sauvages : si, au détail, elles savent séduire aussi bien ou mieux que les fleurs de culture, ellles se reproduisent très généreusement, à condition qu'on ne les détruise pas avec des monstrueux "désherbants" et autres "pesticides" mortels.
Les Coquelicots (Papaver rhoeas), variété domestique des Pavots décoratifs - ou fournisseurs de l'opium - reviennent très vite coloniser les friches agricoles non traitées (ici avec des Vipérines) et marquer des collines entières de leurs innombrables taches lumineuses, pour le plus grand plaisir des amateurs des peintures de Vincent Van Gogh ou de Jean Arène.
Et comme "bouquet final", une magnifique station de Trèfle incarnat (Trifolium incarnatum) située juste en face du Mont, sur la petite falaise sud de la Loire près de l'ancienne sablière Mauger.