Pour ne pas vous faire languir plus longtemps, voici le portrait officiel des deux jeunes, photographiés le 2 juillet depuis la tente affût. Deux : à ce jour, rien ne laisse penser qu'il puisse y avoir un N° 3, notamment au vu des nourrissages.
Il fallait, pour la suite du récit, leur attribuer des noms : nous avons choisi Cab et Mar. (Certains y reconnaîtront l'évocation de deux personnes particulièrement regrettées qui ont, hélas, fait l'actualité au début de l'année...).
Mais avant de les voir si bien, ces deux jeunes, nous avons dû être très patients. Première vue d'un seul poussin le 14 juin. Le 15, une tête dépasse franchement... mais une seule.
Le 16 au matin, malgré une belle lumière, aucune tête ne se montre. L'observation est ponctuée par une alerte aérienne sérieuse et prolongée : les sifflements des adultes en alerte sont autant d'instructions pour que les jeunes se planquent au fond du nid, ce qui réduit les chances de les voir pendant un bon moment.
Mais vers 17h 30, dans de médiocres conditions de lumière, ça bouge enfin sur le nid... et deux têtes s'exposent simultanément. Deux, jamais plus.
L'observation se conclut par un nourrissage qui, malgré la lumière en contre-jour, nous permet d'observer des passages de morceaux de poisson aux jeunes d'abord par Sylva, puis par Titom.
C'est sous un beau ciel bleu que, le 17 juin, nous avons enfin une vue claire de Cab et de Mar qui se montrent à plusieurs reprises, ensemble ou séparément.
Vous l'aurez compris, le sport du moment, qui demande beaucoup de patience, consiste à saisir les quelques moments où nos vedettes, vautrées au fond de la coupe du nid, sortent de leur torpeur, se dressent comme Papa et Maman, circulent près du bord du nid. Des moments encore plus rares où ont lieu les nourissages... visibles. Et les "livraisons" de poissons, sachant qu'il n'y a aucune régularité dans ces apports.
Compte-tenu de la croissance rapide des jeunes, ces moments devraient être de jour en jour plus fréquents. Mais la météo constitue un aléa supplémentaire : elle peut faire obstacle à tous ces mouvements attendus. L'an dernier, c'étaient les pluies récurrentes qui paralysaient à certains moments les occuppants du nid. Depuis le début juillet 2015, c'est au contraire le soleil écrasant de la canicule qui impose l'immobilité... sous protection des ailes déployées de Sylva.
Ailes déployées qui en plus, par moments, s'agitent en défense face à une alerte aérienne... Décidémment, l'existence des Balbuzards pêcheurs est sans doute moins "peinarde" que ce que l'on peut penser !
Ainsi en arrive-t-on à cet affût matinal du 2 juillet. Encore une longe épreuve de patience mal récompensée, sous le regard suspicieux de Sylva, presque permanent : malgré notre discrétion de Sioux, la finaude n'a pas manqué de flairer notre présence dans la tente ... Matinée mal récompensée, si ce n'est par un ultime quart d'heure d'exposition de Cab et Mar... au moment même où nous avions décidé de "décrocher".
Au lever du jour, la chaleur n'est pas encore accablante. Le 3 juillet vers 6h 30, une jolie lumière éclaire des scènes ordinaires de la vie de famille des Balbuzards. De plus en plus fréquemment, nos deux jeunes dépensent leur énergie en s'essayant aux battements d'ailes : c'est déjà leur futur qui se prépare.
Voilà, nous avons "remis les pendules à l'heure", et vous savez (à peu près) tout sur notre charmante petite famille en formation 2015 : Sylva, Titom, Cab et Mar qui, après avoir surmonté la canicule, vont entrer dans la dernière ligne droite de la reproduction. En l'occurrence celle des apprentissages de la vie adulte, qui permettront les séparations et les départs en migration vers l'Afrique...